Voilà une bonne demi-heure que la kunoichi arpentait les différentes salles et terrasses du Sanctuaire afin d'en apprendre un peu plus sur l'organisation interne du « corps shinobi » de Taun, et ce sans avoir été interpellée par la moindre personne. Peut-être intimidait-elle ? Récemment intégrée en tant que Juunin en raison de son niveau présumé, elle ne connaissait pour ainsi dire personne et n'offrait en guise de présentation qu'un regard perçant étrangement allié à un sourire avenant. Une attitude qui ne la rendait décidément pas bien terrifiante en l'état... Ou alors justement, peut-être que son arrivée ne provoquait rien d'autre que de l'indifférence parmi les shinobis de la Ploutocratie.

Tant pis, elle continuait sa visite, jetant des coups d’œil curieux sur son passage et enregistrant la topographie des lieux en prenant soin de saluer les uns et les autres qu'elle croisait à l'occasion. La femme qui approchait visiblement de la trentaine s'avérait encore loin d'avoir perdu ses charmes – Une grande et droite silhouette finement taillée, vêtue d'une combinaison ninja assez sobre qui ne manquait pas de contraster avec son châle bleuté aux motifs de pétales plus sombres. De nombreuses bijoux constituait sa parure, accompagnant ses poignets, accrochant ses habits ou perforant le lobe de ses oreilles. Des éclats de couleur qui ne manquaient pas d'aller de pair avec sa chevelure tantôt châtain tantôt rousse lorsque la lumière du soleil s'ajoutait à l'équation.
D'une certaine façon, elle en imposait. Mais n'était-ce pas là l'une des particularités des combattants de Taun' ? La richesse allait de pair avec le talent tout comme l'esthétisme se retrouvait lié au statut. Pour sa première journée au Sanctuaire Samaurai, Takara s'était présentée sous un aspect reflétant le prestige de son foyer. Mais une chose restait intrigante : Pas la moindre goutte de chakra ne transpirait de son aura ni aucun indice ne venait confirmer l'intuition des autres protagonistes quant à la véracité de cette force intérieure qui l'animait. Détail qui constituait un certain mystère... mystère qui n'en demeurait pas moins un détail – Cela l'amusait néanmoins. Et puis, s'il lui était possible de cacher son jeu alors autant en profiter pas vrai ?

Enfin peu importe. En attendant la Juunin venait de faire le tour de l'établissement et sentait l'ennui s'approcher à grand pas... Face à une fenêtre ouverte, elle laissa son esprit vagabonder quelques minutes en réfléchissant au reste de sa journée ; Maintenant qu'elle était indépendante, c'était à elle de prendre des initiatives pour s'occuper, et « commencer » une nouvelle vie n'était jamais aisée bien que les rêves semblaient être si nombreux avant de franchir le pas.

Alors, par où commencer ?... C'est à peine si j'ai eu le droit à un briefing sur mon nouveau rôle vis à vis du village, hmf. Souffla t-elle.

Peut-être qu'une visite improvisée au bureau des missions lui permettrait de résoudre sa quête de divertissement avant d'être appelé à de plus amples responsabilités. Qui plus est, cela ne ferait pas de mal à son porte-feuille non plus. Une pierre deux coup pour démarrer la journée, pourquoi pas. Takara rêvassait encore quelques instants, s’apprêtant à reprendre son chemin d'ici les minutes à venir.

Si le vent s'amusait à souffler, alors tu danserais avec lui ; Chercher à le combattre serait bien futile.
C'est donc en suivant un courant d'air que tu longes les ruelles de pierres, flirtant avec leurs formes et contre-formes. Ton kimono paré d'un rouge royal flottait, jouant également avec ta crinière charbon en guise de passe-temps. Tu avançais dignement, un regard sur tout, la posture noble et sereine. Ici, des enfants qui jouent, qui brillent d’innocence, là des marchands qui négocient, l'affaire dans l'âme.

Cul-de-sac. La route s'achève sur un mur paré de palettes et cartons en tout genre. Ta main vint soulever ta chevelure pour gratter l'arrière de ton crâne. Voila qui serait embêtant, pour continuer. C'est donc dans un léger élan que ton corps entier sauta, de la manière la plus discrète possible, car dieu savait ô combien les voisins pouvaient être susceptibles pour un rien. Tu marchais donc sur leurs toits, passerelle limpide et aisée, et le temps d'un instant, tu étais comme portée par ce vent que tu chérissais tant.

Dans un bond félin, tu atterri sur un sol poussiéreux, tant il avait été usé par des pas incessants. La rue principale du quartier samurai. Elle était à la fois ton berceau et ton foyer, tant tu l'avais empruntée. Et tu l'aurais empruntée une énième fois, si une voix cristalline ne t'avais pas interpellée. Une femme te tournait le dos, mais rien qu'à le voir, celui-ci t'en disait long sur son impatience. Et ses mots confirmèrent la chose, elle était sûrement la nouvelle recrue accueillie depuis peu au village. Sa parure en disait long sur son appartenance, et son rang ne faisait aucun doute. C'était ainsi, le règne monétaire primait sur le petit peuple. Mais d'un côté, cela créait une élite, éduquée dans un cadre serein. Des figures à suivre, une ombre à craindre, un cadre fiable, ou presque ?

Ton buste se pencha en avant , interpellant alors son regard par ce geste. Un sourire s'était presque dissimulé dans ton expression.

- C'est parce qu'il n'y a pas de rôle à proprement parler. Considérez le village comme une seule et même personne. Pour vivre, elle doit manger, boire, dormir, apprendre, créer, échanger, comprendre, savoir. Voila votre rôle, veiller à ce que tout se coordonne au mieux. Vous devez être capable d'analyser les interférences et de … tout envisager pour les contraindre à votre volonté.

De sages et belles paroles, néanmoins abstraites pour l'heure. Il suffisait que cette femme ne sache pas réellement comment envisager la vie en tant que ninja du village, et non plus, fortune du village. A chaque moment sa personnalité. La tienne se scindait entre la samurai de sang et la noble de fortune.

Au loin, un voleur. Ça crevait les yeux. Il marchait vite, suait. Son corps entier était recroquevillé sous une toge aussi noire que ses actes. Encore plus loi, des cris, quelques injures. On blâmait un escroc dont on ne connaissait ni l'identité, ni le visage.
Et ce sourire, oui, celui là, en coin, relevant des pommettes aussi grasses que ses idées malvenues, oui ce sourire là, il était la preuve à l'appui que ce personnage n'était pas tout blanc.

- Autrement dit, il faut avoir un œil clairvoyant, et être le plus rapide.

Ton visage avait hoché en direction du suspect. Libre à la jeune femme d'en être consciente ou pas. Libre à elle d'avoir cette clairvoyance que tu pronais. Libre à elle de choisir d'intervenir ou non. Libre à elle d'en choisir l'issue, et le jugement. Non pas un test, mais une liberté ; LA liberté d'être un nouveau membre du village de Taun.

HRP : Navrée pour le retard, j'avais une grosse semaine. J'espère que ça t'ira ^^