Le nuage de fumée s’estompait peu à peu. Notre héros était accroupi et silencieux. Après un moment, il se releva, observant ce qui lui faisait face. Manda était derrière lui, tandis qu’une étrange porte plongeant dans l’obscurité l’attendait. Il se tourna vers le plus puissant des serpents et l’interrogea. Mais, comme à son habitude, la créature n’avait pas l’intention d’aider. D’un rire moqueur, elle quitta les lieux en plongeant sous terre. Seul, notre héros faisait face à ce sombre passage. Mais, malgré le côté lugubre de l’endroit, il n’hésita pas une seule seconde. C’est ainsi que, rempli de détermination, Ryûjin avança et commença à descendre les escaliers qui l’emmenaient, petit à petit, dans ce qui semblait être les entrailles de la terre.

Il y avait beaucoup de marches. Il ne s’était pas amusé à les compter, ni même à essayer de comprendre depuis combien de temps il descendait.  Etait-ce deux minutes ? Ou plutôt dix ? Impossible pour lui de le dire. Après chacun de ses pas, son cœur semblait battre un peu plus fort tellement son impatience grandissait. Et puis, finalement, il finit par arriver au bout de cet espace de descente clos et inquiétant. Une vaste pièce souterraine l’attendait. Elle était illuminée par de nombreuses torches et, à son bout, plus d’une vingtaine de mètres plus loin, une sorte de trône semblait occupé. Notre héros s’en approcha et, petit à petit, parvenait à déceler convenablement la créature qui y siégeait : un imposant serpent blanc à l’allure totalement différente de ceux qu’il avait l’habitude d’appeler au secours. Une fois  quelques mètres de lui, Ryûjin se prosterna. Les deux êtres ne s’étaient jamais rencontrés, mais ils se connaissaient, bien entendu. Du côté de Ryûjin, c’était bien-entendu parce qu’il avait déjà entendu parler de cet illustre Sage et, pour ce dernier, cela venait du lien qui existait entre notre héros et son espèce. En tant qu’utilisateur et amoureux des serpents, notre héros était bien connu de ces derniers.  L’homme resta incliné un moment, silencieux, attendant que le sage qui l’observait ne prenne la parole. C’est ce qu’il fit, assez rapidement d’ailleurs, afin de briser un silence qui aurait pu rapidement devenir pesant. C’est ainsi qu’une conversation démarra.

« Nous nous rencontrons enfin, jeune Ryûjin. Cela fait bien longtemps que mes enfants me parlent de toi… Que me vaut ce plaisir ?

- Grand Sage Blanc, je me présente devant vous dans l’espoir de devenir votre disciple, dans le but d’apprendre de vous et de perfectionner mon Hebijutsu.

- Un disciple dis-tu ? Comme c’est incongru… Nous autres, serpents, n’apprenons rien aux humains. Je suis d’ailleurs surpris d’en voir un ici. Votre égo a fait de vous l’espèce reine sur cette terre alors, que pourrais-tu bien avoir à apprendre de moi ?

- Je ne peux répondre pour l’entièreté de mon espèce, néanmoins, je me présente humblement devant vous dans le but de suivre votre enseignement. N’est-ce pas là une preuve suffisante que mon égo n’a aucunement l’intention de faire de moi un être supérieur ?

- Ryûjin-chan, voyons… Arrêtons tout de suite cette hypocrisie, je sais ce que tu as en tête. Mais, si l’utilisation de l’énergie de la nature n’est pas connue des hommes, ce n’est pas pour rien. Vos guerres font déjà suffisamment souffrir notre monde, je n’ai aucune raison de t’offrir la force de la nature pour que tu ne l’utilises ensuite contre elle. Aucun échange inter-espèces n’a existé depuis le Rikudô Sennin, cet état de fait ne changera pas.

- Grand Sage Blanc, si je suis ici, c’est pour que ces guerres s’arrêtent. Vous, comme nous, n’en n’avons que trop souffert. J’ai voué ma vie à la protection du clan Senju mais à présent, je sais que cela ne suffit pas : il doit régner, mais pour cela, il doit être plus fort. Makirama a beaucoup de défauts, mais il est sage et protecteur. Il est le seul à pouvoir sauver notre monde d’une destruction certaine. C’est pourquoi je vous demande humblement de faire de moi son serviteur le plus puissant : pour qu’il règne et nous protège tous.

- Les Senju hein… Il est vrai qu’il doit en être digne. Pour eux, je consens à accepter ta requête. Ce sera ma façon d’honorer la mémoire du Rikudô. Mais, toi aussi, tu devras te montrer digne du poids qui pèsera sur tes épaules. »

Ryûjin n’avait pas compris la plupart des choses auxquelles le Sage Blanc faisait allusions. Il n’avait pas les connaissances nécessaires pour cela, il ne connaissait pas le véritable passé du monde dans lequel il vivait. Mais ce serpent, lui, savait. Il avait conscience de toutes ces choses parce qu’il les avait vécu, des années auparavant. Notre héros ne le savait pas à ce moment-là, mais la créature dont il avait demandé l’aide pouvait lui apprendre bien plus de choses que quelques jutsu. Encore fallait-il y penser et, même si on le faisait, il fallait ensuite poser les bonnes questions. Ryûjin en était encore loin, ce jour-là.

L’atmosphère était pesante. L’environnement n’était plus clos comme dans la salle du trône du Sage Blanc, mais le lieu restait inhospitalier. La nature était ici trop abondante, il y en avait partout : des arbres, des herbes, des animaux… Elle envahissait l’homme, l’agressait presque, en se faufilant partout pour l’oppresser. C’était ce que ressentait notre héros à ce moment-là : il était petit, minuscule même, face à cette nature toute puissante et dominante. Il marchait, suivant de près son nouveau maître, observant les alentours. Ils finirent par s’arrêter au-devant d’une cascade. Cette dernière avait néanmoins une particularité : ce n’était pas de l’eau qui tombait, mais un étrange liquide oscillant entre le vert et le jaune. Le moins que l’on pouvait dire, c’était que cela ne donnait pas envie d’en boire. Le Sage Blanc s’arrêta là, observant Ryûjin qui n’était qu’à un ou deux mètres de lui. Il semblait que ce lieu allait être celui de l’entrainement, chose loin d’être du goût de notre héros. Mais, peu lui importait le lieu ou la difficulté : quoi qu’il puisse advenir, il finirait par réussir. C’était son objectif et il était trop motivé pour laisser quoi que ce soit interférer.

Après quelques secondes d’immobilités et de silence, le Sage Serpent fini par prendre la parole afin d’expliquer à Ryûjin ce qu’était le Senjutsu. Sa tirade fut longue, technique et complexe. Certains auraient sans doute dit que c’était ennuyeux, mais pas Ryûjin. Et puis, de toute façon, c’était une étape obligatoire. Ainsi, qu’expliqua-t-il ? Les bases et la suite. A savoir que le Senjutsu était l’art d’utiliser l’énergie de la nature, de l’environnement pour combattre. Grâce à cela, le shinobi devenait meilleur sur tous les plans : plus rapide, plus fort, plus résistant, plus endurant et doté de sens surdéveloppés par les informations envoyées par la nature. En bref, l’homme se transformait, devenait un surhomme. Mais toutes ces choses, Ryûjin les savait déjà : il avait vu le Senjutsu de Makirama de ses yeux, il avait observé ses capacités être entièrement dopées et les écarts entre eux deux être plus conséquents que jamais. Avec toujours un train de retard, notre ami entendait bien rattraper son modèle. Restait néanmoins à aborder le plan « technique » du Senjutsu, chose que fit rapidement le Sage :

« Comme tu le sais déjà, Ryûjin, l’art ninja repose sur la combinaison de l’énergie physique avec celle de l’énergie psychique. Avec le Senjutsu, il te faut ajouter un élément à l’équation : l’énergie naturelle. Tu dois donc être capable d’harmoniser les deux énergies en toi avec celle de l’extérieur. Utilises en trop peu et ton Senjutsu n’apportera rien, utilises-en trop, et la puissance de la nature te dominera, jusqu’à te rappeler à elle. En d’autres mots : tu risques de mourir. »

Mourir. C’était donc cela, l’enjeu de la réussite ou de l’échec à l’utilisation du Senjutsu ? Si Ryûjin ne s’attendait pas à quelque chose de facile, il ne s’attendait pas à risquer sa vie durant un simple entrainement. Mais cela prouvait aussi que le Senjutsu était une puissance particulière, rare. N’importe qui ne pouvait pas la posséder, il fallait s’en montrer digne, sur tous les plans. Rapidement, le Sage Blanc continua ses explications. Pour commencer, Ryûjin allait devoir se placer sous la cascade et, tout en restant immobile, faire passer l’énergie naturelle en lui. Cette cascade était en fait constituée d’une huile particulière qui permettait à cette énergie de pénétrer aisément à l’intérieur d’un shinobi : autrement dit, c’était un excellent moyen de comprendre le mécanisme, car elle le rendait particulièrement simple. Sans attendre et à la demande de son maître, Ryûjin alla donc se placer sous la cascade. Il marcha sur le liquide et fini par s’assoir pile sous la chute du liquide, en tailleur.

Silencieux, notre héros était en pleine concentration. Au début, il eut beaucoup de mal. L’huile tombant avec une certaine violence sur son corps était une véritable gêne à la concentration, elle l’empêchait de se vider l’esprit en lui faisant porter un poids sur ses épaules. Par ailleurs, le silence était un précieux allié dans des situations comme celle-là et, malheureusement, elle provoquait un véritable vacarme. La première difficulté pour « fusionner » avec l’environnement était donc, paradoxalement, d’en faire abstraction ! C’était le chemin qu’empruntait Ryûjin. Et il ne savait pas réellement depuis combien de temps il était là, silencieux et immobile. Une heure ? Trois heures ? Cinq heures ? C’était impossible à dire pour lui. Alors qu’en réalité, cela faisait près de huit heures qu’il tentait de rester immobile et de capter l’énergie naturelle, les yeux fermés et l’esprit concentré. Huit heures durant lesquels sont maître avait eu le loisir de faire une sieste, manger et même quitter les lieux un certain temps.  Mais finalement, cela avait fini par payer. Après ces longs moments de concentration, il sentait enfin cette puissance couler en lui. Il en était convaincu, même s’il n’avait aucune preuve : quelque chose était en train de se passer. Finalement, il finit par rouvrir les yeux, les posant son regard sur son maître. Ce dernier l’observait avec un sourire satisfait. Son regard avait changé. Il ne s’agit pas là d’une image, non, il avait physiquement changé. Ses yeux étaient différents, cernés d’intimidants traits violacés, marque du passage en « Mode Senjutsu ». Il l’avait franchi, la première étape. La plus simple de toutes.

Les traits d’un serpent. Les yeux étirés, fins et cernés. Inquiétant regard qui cachait d’étranges choses. C’était la première chose que l’on voyait lorsque l’on observait le visage d’un homme employant le Senjutsu des serpents. Mais, si l’on se penchait sur son corps entier, alors les modifications étaient encore plus importantes : en effet, quatre cornes poussaient sur la tête de l’utilisateur, mais aussi, sa musculature diminuait alors que sa force grandissait, élément paradoxal mais pourtant tout à fait vérifié. Ces changements furent ceux visibles sur le corps de notre héros. Ryûjin utilisait l’huile pour s’exercer à la collecte de l’énergie naturelle depuis deux jours et réussissait, suite à ces entrainements, à le faire sans aucune difficulté. Néanmoins, il ne s’agissait là que d’une première étape aisée à franchir.

Le Sage Blanc, après ces deux jours, décida de passer aux choses sérieuses. Il expliqua à son disciple que l’huile n’était qu’une aide, un coup de pouce provisoire pour lui permettre de s’apprivoiser avec l’énergie naturelle. En effet, elle n’était pas une fin en soi puisqu’elle ne pouvait être utilisée hors du Ryûchidô. Pour maîtriser réellement le Senjutsu, il fallait donc être capable de l’activer sans elle, sinon, il était impossible d’utiliser cet art. Ryûjin passa donc à la « phase deux » de l’apprentissage de cette discipline. Pour aller plus loin, il n’y avait qu’une seule solution, comme l’avait expliqué le Sage Blanc : il fallait ne faire qu’un avec la nature. Non plus seulement l’apprivoiser ou la sentir autour de soi, mais bien s’unir à elle, devenir l’égal d’un arbre ou d’une brindille d’herbe : oublier ce qu’était être un homme, une chose douée de raison et de volonté. C’était la marche à suivre pour utiliser le Senjutsu.

Sans trop réellement comprendre ce qu’il devait faire, Ryûjin tenta cela. Assis en tailleur près de la cascade, il cessait de réfléchir, de penser. Il s’efforçait de vider sn esprit, de ne plus rien entendre, de ne plus rien sentir. Mais, malheureusement, ce n’était pas si facile. Les shinobi suivaient ce genre d’entrainements toutes leurs vies, mais aucun n’arrivait à atteindre le vide réel, capable de calmer les tensions et conflits internes. Ces moments de réflexions étaient, au contraire, souvent des moments de replis sur soi, de réflexions intenses et profondes : si la méthode et la posture étaient identiques, pour activer le Senjutsu, il fallait aller à l’exact opposé. Et, si cela peut paraitre niait, vider son esprit n’est pas chose facile. Car l’homme, une fois qu’il avait appris à parler, à organiser ses pensées avec des mots, ne pouvait s’empêcher de le faire. Chaque fois qu’une pensée était chassée, une autre venait. L’esprit parlait, encore et encore, sans jamais s’arrêter. En quelques minutes, Ryûjin pensait au village, à la nécessité qu’il avait de réussir pour le protéger, à Makirama, au meurtre du Uchiha, à la mort de ses parents… Toute sa vie était refaite et, quand il pensait avoir trouvé la quiétude, les pensées revenaient sans cesse. Bien vite, il abandonna, dans un soufflement de colère :

« Maître… Ce que vous me demandez est impossible. Aucun homme ne peut cesser ses réflexions. Le simple fait de penser à ne plus penser est une pensée. Alors comment faire ? Il n’y a aucune solution !

- Ne vois-tu pas la solution, Ryûjin-chan ? Elle est pourtant évidente…

- … Non. Je n’en vois aucune.

- Tu as raison sur un point : penser à ne plus penser ne t’aideras pas. Pour le faire réellement, tu dois le faire… Sans y penser. »

Ryûjin était… Désespéré, ou presque. Lui qui avait passé sa vie à développer son intelligence, ses réflexions, pour être capable de tirer le meilleur de toutes les situations… Cela relevait quasiment de l’impossible tant ce que demandait son maître paraissait impossible. Pourtant, il n’en démordait pas et se contentait d’observer notre héros d’un air presque amusé. Au bout d’un moment, il demanda à son disciple de le suivre. Ensemble, ils marchèrent un certain moment pour arriver à un autre lieu d’entrainement, cette fois beaucoup moins accueillant.

En approchant de ce dernier, notre héros sentait et entendait que quelque chose d’étrange arrivait. Finalement, il finit par la voir : la fosse au dix milles serpents. Il ne savait pas s’il y en avait exactement dix milles, personne ne les avait sans doute réellement comptés. Mais, en tout cas, il y en avait bien plusieurs milliers. De toutes tailles, de toutes les espèces, ils se chevauchaient les uns les autres, poussaient leurs si étranges cris à tel point que cela devenait un vacarme assourdissant et effrayant. Même Ryûjin, qui côtoyait ces créatures depuis sa plus tendre enfance, ne put s’empêcher de trembler devant une telle chose. Le Sage Blanc expliqua que tous les serpents incapables de penser étaient regroupés ici, tous ceux qui n’avaient aucune chance de devenir un jour aussi grand, puissant et fier que Manda. AU milieu de cette fosse, deux fins piliers de pierres très abîmés. Le Sage indiqua à Ryûjin de se placer sur l’un d’entre eux et de s’y assoir à l’aide d’une pierre parfaitement plate. Il devait la poser au bout du pic, s’assoir dessus à parvenir à jouer avec la loi de la gravité pour ne plus bouger. Devenir immobile, comme une pierre. Réellement immobile. Car le moindre mouvement, ne serait-ce que d’un millimètre, pouvait précipiter sa chute à l’intérieur. C’était cela, la prochaine étape. Une seule pensée traversa l’esprit de notre héros à ce moment précis : par quelles étapes avaient dû passer Makirama pour devenir si puissant ? Même lui, qui le connaissait mieux que personne, ne pouvait imaginer qu’il était à ce point doué. C’était… Impressionnant.

Le Sage Blanc se positionna sur l’un des pics dominant l’imposante fosse aux serpents. Il n’eut aucune difficulté à s’y positionner et y rester. Ryûjin, lui, tardait à se lancer. Il tenait entre ses mains le bloc de pierre qui devait lui servir à s’assoir mais hésitait à y aller. Cela semblait trop compliqué, trop insurmontable. Mais il savait qu’il n’avait pas le choix. Il s’était promis de ne pas échouer, d’aller au bout de cet entrainement et de réussir à rejoindre son ami en termes de puissance. Il le devait pour Shoutai, pour se donner les moyens de ses ambitions. Il avait tant à protéger, tant de choses qu’il ne voulait pas perdre. Plus jamais. Il ne voulait plus jamais rien laisser derrière. Il y avait trop de corps, trop de regrets et trop de déceptions. Et trop de chagrin, surtout. L’accumulation n’entrainait en lui que noirceur, isolement et tristesse. Cet entrainement, ce n’était pas seulement devenir plus fort : c’était retrouver son ami, celui qu’il avait perdu par ses fautes. L’hésitation, l’abandon… Ce n’étaient pas des options. Il devait le faire, y arriver. Pour ceux qui étaient morts, mais surtout pour ceux qui vivaient.

Evinçant les tremblements et les hésitations, notre héros fini par se lancer. Il commença par un bond en direction du pic, auquel il s’accrocha du bout d’une de ses mains. L’autre tenait la pierre rectangulaire tandis que ses pieds adhéraient à la roche grâce au chakra. Dans un effort relativement conséquent, notre héros plaça la pierre à ce qui semblait être son centre de gravité approximatif. Lorsque ce fut fait, ce qui prit déjà un certain temps, il se positionna dessus, assis en tailleur. Pour l’aider, le Sage Blanc avait consenti à la tenir. Il fit néanmoins plus que cela, puisqu’il la déplaça aussi légèrement pour la mettre à l’emplacement idéal. Ryûjin parvint donc à s’assoir et, lorsqu’il fut prêt, son maître ôta l’aide qu’il lui octroyait. Le résultat fut le même que celui d’un enfant que l’on envoyait faire du vélo sans roulettes pour la première fois après des années avec celles-ci. Il pencha à gauche, puis à droite, et encore à gauche. En bref, il ne cessa de gigoter dans tous les sens une fraction de seconde après que son maître ne l’ai lâché. Il se tordait, tentait de trouver l’équilibre, puis fini par chuter après peut-être sept ou huit secondes passées sur l’objet. Il tombait à toute vitesse tandis que certains serpents se délectaient déjà de leur futur repas. Mais notre héros n’allait pas abandonner aussi facilement : il utilisa les siens pour se raccrocher au pic et éviter une chute fatale.

Cette opération, Ryûjin ne parvint pas à se souvenir combien de fois il avait dû la répéter avant de parvenir à se maintenir parfaitement. Cinq fois ? Dix fois ? Quinze fois ? Peut-être même trente ou cinquante fois ?! C’était, en réalité, impossible à dire pour lui. La réalité était plus proche des cinquante que des cinq fois, en tout cas. Mais finalement, à la toute fin, il parvenait à rester parfaitement immobile pendant des dizaines de minutes, plus d’une heure même. Il avait réussi : il était immobile, parfaitement arrêté, comme figé dans le temps. Son esprit était vide, son corps ne bougeait plus. Il n’était plus un shinobi de Shoutai, il n’était plus un individu. En réalité, il n’était même plus un homme. Ryûjin faisait partie intégrante de son environnement, il était fondu en lui comme s’il avait fusionné avec ce dernier, comme un personnage que l’on ajouterait à une peinture des années après sa création. C’était une pièce rapportée, un ajout, c’était évident. Mais cela importait peu. Car à partir de ce moment-là, il faisait partie du tout. Et en faisant cela, il atteignait son objectif : comme sous l’huile de la cascade, ses yeux portaient la marque du Senjutsu, des cornes poussaient sur sa tête et il pouvait sentir la nature autour de lui, comme les perturbations qui l’agitaient. C’était fait, enfin : Ryûjin était devenu un Sage. Ou presque. C’est ce que lui annonça son maître, alors même que notre héros était dans cet état depuis plus d’une heure :

« C’est fait, Ryûjin-chan. Tu as compris ce que tu devais faire. Tu es devenu un Sage. »

Oui, enfin. Il ne restait donc plus qu’une chose à faire : pouvoir utiliser cette force en combat. Notre héros et son maître quittèrent rapidement les lieux, après des félicitations bien méritées de ce dernier adressées à son disciple. Comme auparavant, ils se dirigeaient vers la cascade. Ryûjin avait appris à utiliser l’énergie naturelle, mais pour devenir fort, il lui restait à l’utiliser avec pertinence. Pour cela, le Sage Blanc lui enseigna tout ce dont il avait besoin : comment utiliser l’énergie naturelle pour accroître la puissance des serpents qu’il utilisait en accélérant leu croissance, comment manipuler l’environnement, comment détecter avec efficacité les perturbations qu’il subissait pour parvenir à pister une cible particulière et enfin… Tout cela et aussi, à la fin, le style de combat des serpents. Pour l’utiliser, notre héros transformait son corps en celui d’un reptile. Il perdait en force physique brute, une perte largement compensée par l’apport du Senjutsu qui amplifiait naturellement la violence de tous ses coups, mais en échange, il pouvait se déplacer comme un serpent : rampant sur le sol, sur les choses qui l’entouraient comme les arbres, les roches ou les habitations. Il était alors collé à ces choses, se rendant beaucoup plus difficile à atteindre. Mais également, il gagnait en vitesse, en agilité tout en adoptant des trajectoires bin plus difficile à lire du fait de ses déplacements « reptiliens » que ses ennemis ne seraient pas habitués à voir. En l’espace de trois mois, Ryûjin avait réussi à apprendre toutes ces choses, à les assimiler pour devenir plus fort que jamais il ne l’avait été. Tel un serpent, il avait mué en quelqu’un de plus fort, de différent. Son maître, pour marquer cette nouvelle naissance, le rebaptisa : il était devenu Orochi no Ryûjin, le Sage Blanc.

▬Validation de RP▬

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Commentaire ➜ Très bon, comme à ton habitude j'ai envie de dire..